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Emilienne, regard coquin, fière et femme de tête. Malgré le départ de presque tous ses amis et voisins elle choisit de rester, seule avec ses chats, dans un village qui agonise de mort lente. Dans le film tourné autour d'elle on assiste à une scène amusante entre elle et le facteur. Sommée d'accepter des lettres recommandées par les autorités pour lui signifier de quitter sa maison elle réplique au facteur, avec un brin d'ironie dans la voix, qu'il peut bien repartir avec ... en refusant bien sûr des les signer. Un scène parmi tant d'autres parfois très émouvantes et très touchantes où on nous montre son combat mais aussi sa vie au quotidien ...

Je recommande vivement le visionnement de ce documentaire tourné en noir et blanc qui se regarde bien plus comme un film.
Nous avons rencontré cette femme tout à fait par hasard lors d'une promenade dans les rues et très vite elle nous a gentiment invités à prendre un café dans sa demeure.

L'endroit se vide peu à peu depuis de nombreuses années mais Emilienne tient bon et refuse de partir. Pour vivre seule dans une très grande maison, dans un village presqu'entièrement désert le soir venu il faut être sacrément courageuse. Mais Emlienne n'est pas née de la dernière pluie et j'ai vu devant moi une femme certes chagrinée par la disparition de son village natal mais aussi une femme sereine, pleine de vie qui fait face à son destin sans baisser les bras ... Son médecin lui permet de fumer trois cigarettes par jour ... elle en a fumé au moins quatre devant nous ... ;) Désobéissante et forte .... une femme extraordinaire ....

Je ne pouvais communiquer directement avec elle parce que je ne parle toujours pas le néerlandais ... En dépit de ce handicap j'ai passé un moment fort agréable en sa compagnie et j'ai appris plus que si j'avais lu dix livres sur le sujet ... J'aime à penser, le moment venu, que lui sera réservé le privilège d'éteindre les lumières de Doel, comme Michel Rivard l'écrit si bien dans un très beau texte sur Schefferville ... si jamais vient ce moment


"J’ai vu mourir ma ville ...
C’est pas moi qui peut changer le cours de la vie
si y a personne qui reste, j’vais partir moi aussi.
Mais c’est moi qui veut fermer
Les lumières de la ville
Lorsque le dernier train
Partira pour Sept-Îles "

Je remercie mon mari, Yves Lorson, qui a agi en interprète entre elle et moi.